Malpelo j’en révais, j’en reviens, quelle aventure magnifique ! Disons le tout net, c’est une destination hors du commun, réservée à des plongeurs/plongeuses expérimentés et endurcis, prêts à supporter un long voyage (quinze jours pour une journée à Gorgona et sept à Malpelo ; nuit à Bogota à 2650 mètres d’altitude, vol intérieur Bogota/Cali, route Cali-Buenaventura sous haute surveillance miltaire faite en bus de course, deux fois deux jours de mer) et des conditions de plongée parfois très rudes et très style commando de marine… Car les transferts bateau/zodiacs, les navigations en zodiacs vers les sites de plongée et le harnachement avant plongée peuvent être très limites par forte mer.
Nous avons eu beaucoup de chance, du soleil et une mer d’huile pendant les traversées, pas de vent ; sur place quelques rafales de vent, histoire de voir
s’envoler des serviettes et vêtements mal arrimés, et quelques jours de clapot, pour voir les zodiacs se remplir d’eau plus vite qu’on écopait et justifier nos
pieds palmés… Par contre l’eau était froide, entre quatorze et vingt-deux degrés (j’ai été bien inspiré d’amener une surveste) avec une thermocline
variable à faible visibilité, dessous c’était froid mais très clair ; les photographes ont donc eu des problèmes de buée dans leurs caissons.
Séjour en théorie « sec », puisque la vente d’alcool était interdite pendant le week-end à notre arrivée en Colombie because élections sénatoriales
; on a donc été obligé de consommer les alcools apportés, pas trop de souci, on n’est pas mort de soif…
Au panthéon de mes souvenirs :
* Le briefing apocalyptique mais réaliste d’Yves sur les dangers des plongées à Malpelo (caisson à deux jours de navigation, courants, grottes ou l’on rentre
mais ne sort pas… c’est dans de tels moments qu’on regrette de ne pas encore avoir fait son testament). D’ailleurs nous avons inauguré le port d’EPIRE qui
dorénavant sera obligatoire * Les deux plongées de « réadaptaion » à Gorgona, à ne pas montrer aux enfants des écoles de plongée : froid , visi de
quelques mètres, courants violents et mon détendeur (révisé bien sûr) avec grosse fuite d’air permanente… ; je ne suis pas prêt d’oublier la seconde et
ses longues minutes d’attente, accrochés à 31 mètres dans un courant féroce, avec un guide manifestement perdu et plus qu’indécis, qui avait des problèmes
de détendeur lui aussi et qu’il a fallu remonter…
* le premier jour à Malpelo notre palanquée de cinq, plus Yves et le marin, ayant embarqué dans un zodiac sous-gonflé et trop petit pour nous, a pris l’eau
dans le clapot alors que nos sites de plongée étaient loin ; d’où nouvelle expérience à notre actif : la fuite du zodiac, plus ou moins équipés, car tout
simplement nous coulions !
* Les trois plongées du premier jour ont été fantastiques et méritaient à elles seules le voyage, à la première on a littéralement plongé dans un banc de
marteaux ! Aux dires d’Yves, expert en la matière, la troisième est une des plus belles qu’il ait jamais faites à Malpelo,
* Côté zodiac, un s’est renversé et un autre a crevé, ce qui nous a valu de revenir au bateau à la palme et d’y remonter… difficilement,
* Potentiellemnt plus grave, l’avant dernier jour, la palanquée d’Yves, dans le soleil couchant, n’a pa été repérée au palier par le marin du zodiac, et en une
heure et quart a dérivé d’environ trois kms en direction du Pacifique central ; recherche éperdue par les trois zodiacs et le Maria Patricia, la tension a
soudainement montée à bord. Plus de peur que de mal,
* Le plaisir incommensurable d’une plongée sur un site où seulement trois personnes avant nous avaient plongé ! Seules des conditions exceptionnellement
bonnes l’ont permis.
Les Plus : * Des plongées exceptionnelles dans un site sauvage et très peu plongé, des bancs de centaines de requins marteaux, des murs de lutjans, les
requins féroces en profonde (qu’on ne voit pratiquement qu’ici en plongée), les poissons chauve-souris par dizaines à 45 mètres, des murènes partout, des bancs de balistes océaniques, de mérous, les poissons faucons géants, une faune un peu particulière et très riche, les bancs de carangues » avant les bancs de
lutjans , puis à la fin « sérioles, thons et tazards.
* L’équipage discret et efficace,
* L’ambiance superbe entre les dix sept plongeurs, les quatre encadrants plongée et les neuf membres d’équipage,
* Les ballades sur les îles de Gorgona (parc national, forêt tropicale avec serpents, oiseaux, lézards courant crête au vent debout sur les pattes
arrières, visite du pénitencier de sinistre mémoire) et Malpelo (rocher dénudé de 330 mètres, une quarantaine d’espèces d’oiseaux dont quelques dizaines de
milliers de fous masqués, des espèces endémiques (lézards, crabes,oiseaux), ses six militaires colombiens, un ornithologue de passage.
Les Moins : * Un long voyage depuis l’Europe,
* Le Maria Patricia est un bien vieux bateau, bruyant, lent, peu confortable et mal équipé pour la plongée, mais on s’y fait vite,
* Hélas Sandra, l’âme de Malpelo, n’a pu venir cette fois…